J’ai réalisé ces 2 portraits à main levée, sans autre but que celui de me faire plaisir à dessiner. J’ai dessiné ces deux têtes l’une après l’autre, sur deux feuilles distinctes, sans penser au départ qu’elles pourraient vivre ensemble. Quand j’ai scanné mes dessins, cela m’a semblé évident de les mettre l’une à côté de l’autre. 

On m’a dit que ces portraits sont beaux mais un peu mélancoliques. Je ne l’avais pas perçu comme ça au départ, je ne les voyais pas tristes du tout. Mais c’est vrai qu’un peu de mélancolie se dégage de ces deux portraits, un masculin, l’autre féminin.

Il semble qu’il coule des larmes de leurs joues. Pour moi ce sont des bijoux. Comme si des colliers de perles et d’étoiles délicates tombaient accrochés à leurs cils. C’est peut-être une forme de pudeur, ils pleurent mais les larmes se transforment en bijoux. C’est une façon élégante de cacher leurs sentiments au monde.

Ces deux personnages semblent se protéger du monde, avec les armures qui entourent leurs visages : piques, pointes, roues métalliques. Ce sont comme des bijoux protecteurs.

Ils ont quelque-chose qui est à mi-chemin entre le tribal et le mystique.

J’ai utilisé ici une technique que j’apprécie beaucoup, qui est le pointillisme. Cette multitude de petits points donne du volume et de la matière au dessin, j’aime le résultat visuel obtenu, les dégradés que cela crée dans le noir des ombres.

Le dessin à main levée, sans préparation au crayon, laisse la place à des imperfections dans le dessin, dans les proportions et dans les formes. Cela oblige à lâcher prise quand on dessine. Ces imperfections deviennent souvent des forces dans le dessin, le rendent plus intéressant que s’il était mieux maîtrisé.

J’aime qu’ils soient en noir et blanc, cela leur donne un caractère plus brutal.